L’analyse de l’évolution de la production mondiale de chaussures montre qu’au cours de la dernière décennie, la production s’est déplacée vers les pays asiatiques, qui sont devenus la zone mondiale qui produit le plus de chaussures, avec plus de 60 pour cent 100 de la production totale. Au contraire, l’Amérique du Nord et l’Europe ont vu leur participation à la production mondiale du secteur diminuer. Cette évolution de la production mondiale de chaussures répond en grande partie à la stratégie de développement des pays asiatiques, qui se sont concentrés sur la production à forte intensité de main-d’œuvre, parmi laquelle la chaussure se distingue, et compte tenu de ses faibles coûts salariaux, leur a permis d’obtenir des avantages concurrentiels sur les marchés.
Un rôle important a été joué dans ce processus par l’ouverture des marchés et la réduction des barrières commerciales, découlant des négociations du GATT et actuellement de l’OMC. Ce processus est toujours en cours, puisque l’entrée de la Chine dans l’OMC signifie qu’en 2005, tous les quotas avec lesquels le marché de l’UE était protégé contre certaines productions de chaussures de ce pays disparaîtraient.
En ce sens, la libéralisation devrait entraîner une augmentation des importations de produits soumis à des quotas, avec le risque de causer un préjudice grave aux producteurs de l’UE. Cet impact probable est si considérable que l’UE a considéré que les importations de certains produits de la chaussure d’origine chinoise sont soumises à une surveillance préalable de l’UE afin de fournir des informations statistiques permettant une connaissance rapide des tendances des importations. Ainsi, un régime d’octroi automatique de licences applicable jusqu’au 31 janvier 2006 a été établi (Règlement n° 117/2005 de la Commission des Communautés européennes).
Usines de chaussures en Asie: moins qualifiées, pratiques à forte intensité de main-d’œuvre, bas âges.
La stratégie de développement des pays asiatiques basée sur des produits à forte intensité de main-d’œuvre n’est pas la seule cause qui a provoqué ce changement dans la production mondiale de chaussures. La stratégie mise en œuvre, d’abord par les entreprises américaines et, plus tard, par les entreprises européennes, a également joué un rôle de premier plan, déplaçant une partie ou la totalité de leurs productions vers les pays d’Asie du Sud-Est, avec des coûts salariaux bien inférieurs à ceux existant dans leurs pays d’origine. Les grands détaillants de vêtements et de chaussures de sport de marque qui ont installé des unités de production de masse dans ces pays se distinguent, essayant de réduire les coûts et d’obtenir ainsi des avantages concurrentiels grâce aux prix.
Ce fait a intensifié la crise dans l’industrie européenne de la chaussure, en provoquant une réduction persistante de la production. Par conséquent, la pression concurrentielle dérivée des productions à bas prix en provenance d’Asie du Sud-Est a conduit à une stratégie de relocalisation de la production qui a finalement conduit à une réduction de la production dans les pays occidentaux, avec un impact négatif sur l’emploi des cordonniers dans la région qui était auparavant un producteur.
L’Asie a été la région qui a le plus bénéficié des vagues successives de transfert de production, enregistrant des augmentations notables de la production et de l’emploi dans le secteur de la chaussure au détriment des parts de l’Europe et de l’Amérique. Cependant, il convient de noter qu’il y a également eu des transferts de production de certains pays asiatiques vers d’autres, en fonction des salaires et des barrières protectionnistes à leurs produits en provenance d’autres pays. Si au cours des années quatre-vingt, Taïwan et la Corée étaient les pays ayant la production la plus élevée, ces pays ont déplacé la production vers d’autres pays à moindre coût, tels que la Chine, l’Indonésie, la Thaïlande, l’Inde et le Vietnam. Il en est résulté qu’en 2001, ces pays, qui dix ans plus tôt n’étaient même pas producteurs de leurs propres chaussures, figuraient parmi les plus grands producteurs et exportateurs de chaussures au monde. Plus précisément, si la production est analysée par pays, les plus grands producteurs de chaussures dans le monde sont la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie, l’Italie, le Vietnam, le Mexique, le Pakistan et la Turquie (SATRA Technology Center, 2004). Comme on peut le constater, ce sont les pays asiatiques qui absorbent le plus grand pourcentage de la production mondiale. D’autre part, il ressort que, bien qu’en termes mondiaux, l’Amérique ait une faible participation dans la production mondiale totale de chaussures, le Brésil et le Mexique apparaissent parmi les principaux producteurs mondiaux.
Les marques premium préfèrent toujours choisir une usine de chaussures en Europe
Quant à l’industrie de la chaussure dans l’UE, elle est dominée par six États membres, à savoir l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le principal pays producteur au niveau européen est l’Italie. En deuxième position se trouve l’Espagne, suivie du Portugal et de la France.
Malgré la forte prédominance des productions asiatiques, si l’on analyse la répartition de la valeur des exportations mondiales du secteur de la chaussure par zone, on observe des différences plus faibles. Ainsi, en 2001, la valeur des exportations de chaussures en provenance d’Asie représentait 49,8 pour 100 du total, tandis que celles en provenance d’Europe représentaient 42,8 pour 100 du total (tableau 2). Cela montre comment les pays d’Europe occidentale, incapables de rivaliser dans les segments de marché inférieurs, où les pays asiatiques se livrent une forte concurrence sur les prix, se sont tournés vers les segments moyen-haut et haut, spécialisés dans les produits à plus forte valeur ajoutée. Cela leur permet de vendre à des prix plus élevés, couvrant les coûts de production plus élevés auxquels ils sont confrontés.
En ce qui concerne la production de chaussures par types, il convient de noter que si dans les années quatre-vingt les chaussures en cuir étaient à la première place, dans les années quatre-vingt-dix, les chaussures en caoutchouc sont devenues les plus fabriquées, avec des prix de vente plus faibles. Cependant, il convient de noter qu’au cours de la seconde moitié de cette décennie, les chaussures en caoutchouc ont perdu du poids dans la production mondiale dans son ensemble, bien qu’elles aient continué à occuper la première place. En outre, la plupart de ces chaussures sont produites dans les pays d’Asie du Sud-Est, qui se sont spécialisés dans ce produit en raison de son faible prix. Plus précisément, les pays asiatiques absorbent près de 80 pour cent de la production totale. En ce sens, il convient de noter que la fabrication de ce type de produit est réalisée avec une technologie et des équipements qui permettent d’obtenir des économies d’échelle et qu’elle sera également favorisée par les coûts salariaux plus faibles existant dans ces pays. Par conséquent, il est très difficile pour les pays qui produisent traditionnellement des chaussures de faire face à la concurrence des pays asiatiques dans ces productions, ce qui les amène à orienter leur production vers des produits à plus forte valeur ajoutée, avec des prix plus bas. qui permettent de couvrir des coûts salariaux plus élevés.
En bref, le changement connu par le secteur est devenu manifeste de la chaussure au niveau international, avec un déplacement de la production européenne de chaussures sur les marchés mondiaux, par les productions asiatiques. Les chaussures d’Asie du Sud-Est sont introduites sur les marchés internationaux à des prix très compétitifs grâce aux faibles coûts salariaux dont elles disposent et à une production moins qualifiée. Plus précisément, la Chine a été à l’avant-garde des pays producteurs de chaussures. Cependant, de nombreux européens en différenciant les produits à plus grande valeur ajoutée, en promouvant des aspects de qualité, de design, de marque que la plupart des productions asiatiques sont encore loin d’atteindre.
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